
MUES Design, agence de graphisme d’intérieur spécialisée dans la création et l’édition de papiers peints, aime croiser les influences et enrichir ses collections de collaborations audacieuses. L’agence invite régulièrement des artistes à partager leurs univers et leurs techniques en exprimant leur talent et leur art sur papier peint.
Cette fois-ci, place à la photographie et à l’univers magnétique de Patricia Giudicelli Sister qui a sélectionné pour MUES Design une des images de sa série Natural & Power, un impressionnant travail sur les végétaux qui a été l’occasion pour la talentueuse photographe de mode de s’essayer avec brio à l’exercice des natures mortes. Dans cette série, Patricia Giudicelli Sister utilise la lumière et les contrastes à la manière du Caravage pour capturer les derniers instants de vie et de beauté de fleurs de lys, de pavots et de capucines, tour à tour mises en scène comme les allégories des vanités de la peinture du 17ème siècle.
Le nouveau papier peint SUCCULENTUS édité par MUES Design a été réalisé à partir d’une image de cette série photographique. Dans un esprit « cabinet de curiosité », ce nouveau motif joue sur l’effet miroir et le clair-obscur. Avis aux amateurs d’onirisme botanique !

FOCUS SUR LA PHOTOGRAPHE PATRICIA GIUDICELLI SISTER ET SA SÉRIE NATURAL & POWER
Après ses études aux Beaux-arts, Patricia a choisi le milieu de la mode et s’y est rapidement fait un nom en tant que photographe. Son goût pour le voyage lui a également inspiré plusieurs reportages et après de nombreux séjours à l’étranger, Patricia est revenue en France pour continuer à exercer son métier de photographe de mode en menant, en parallèle un travail plus personnel, dont la série végétale Natural & Power.
Dans cette série, Patricia utilise la lumière et les contrastes pour capturer les derniers instants de vie et de beauté des fleurs et de leurs feuillages, pour leur donner un dernier souffle, un dernier éclat avant une éternelle obscurité. Telles des allégories du temps qui passe, des fleurs de lys, de pavot, des capucines…sont tour à tour mises en lumière, dans une mise en scène qui rappelle celle des vanités des peintres du 17ème siècle comme Le Caravage.
Natural & Power a fait l’objet de plusieurs expositions ces dernières années, notamment à Marseille à l’Hôtel C2, aux Entrepôts Armand Fabre et à la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode.
Commencé en 2014, ce travail sur les végétaux est toujours en cours. Dès qu’elle en trouve le temps, Patricia complète cette belle série avec de nouvelles mises en scènes végétales.

PATRICIA, POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI LA PHOTOGRAPHIE ?
J’étais jeune quand j’ai découvert la photographie. Cela a été alors pour moi un incroyable moyen d’exprimer mes émotions. Je suis devenue la personne que je suis grâce à la photo. Et puis travailler dans la mode me permet de créer des histoires et des univers que peuvent m’inspirer un mot ou un film et je trouve cela c’est très excitant d’avoir cette possibilité de m’échapper régulièrement du monde dans lequel je vis.
VOUS ÊTES À L’ORIGINE PHOTOGRAPHE DE MODE, COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE LA SÉRIE VÉGÉTALE NATURAL AND POWER ?
L’origine de Natural & Power, que j’appelle aussi Floraison, coïncide avec un moment de ma vie où j’ai ressenti le besoin de rendre mon quotidien plus expressif. Et c’est en fait après avoir vu un reportage sur Serge Gainsbourg intitulé « La beauté cachée des laids », qu’un bouquet flétri sur ma table m’a fait apparaître la beauté cachée des fleurs juste avant qu’elles ne fanent, juste avant leur mort… j’ai voulu sublimer ce bouquet, lui redonner une vie. Cela a été le point de départ de toute cette série.

LA MISE EN SCÈNE, LA LUMIÈRE… TOUT EST TRÈS TRAVAILLÉ. COMMENT PROCÉDEZ-VOUS ?
Tout d’abord, je choisis toujours les fleurs à l’émotion, au ressenti. Puis lorsqu’elles sont sur le point de faner, je les froisse, j’incurve leurs pétales, je ficelle les tiges pour créer des courbes et du mouvement. Je les mets ensuite en scène, j’utilise notamment des petits miroirs pour créer des effets de lumière. J’aime l’ombre opposée à la lumière, le clair-obscur qui donne l’illusion du relief et du contraste. Et puis je développe la photo sur le logiciel Lightroom.
TOUTE CETTE SÉRIE FAIT BIEN SÛR BEAUCOUP PENSER À LA PEINTURE DU 17ÈME SIÈCLE ET AU CARAVAGE. QUELLES SONT VOS PRINCIPALES SOURCES D’INSPIRATION ?
Ma formation aux Beaux-arts m’influence beaucoup, j’aime imiter la peinture en travaillant la texture, la lumière, le contraste. Souvent on me demande si c’est de la peinture et j’en suis ravie, l’illusion est réussie !
En ce qui concerne la photographie, j’admire le travail d’Ansel Adams et d’Albert Watson, la perfection de leur noir et blanc, leur sens du détail, rien n’est laissé au hasard. On ressent dans leurs photos cette conscience que la lumière est l’essence même de l’image. Leur traitement de la lumière m’a beaucoup inspirée pour réaliser la série Natural and Power.
Je suis également fascinée par la réalité des portraits de Paul Strand, leur vérité m’émeut beaucoup.
Et puis il y a bien sûr Helmut Newton, mon plus gros coup de foudre… Je suis extrêmement sensible aux oppositions et Helmut Newton c’est la vulgarité mêlée au luxe et à la sophistication, une provocation spéculaire ! La nature morte du croupion de poulet et des bijoux est d’une force incroyable… Certains trouvent le travail d’Helmut Newton vulgaire, moi j’y vois au contraire la liberté de la femme. Dans ma chambre j’ai trois visuels de lui, dont un signé !

DANS QUEL CONTEXTE AIMEZ-VOUS TRAVAILLER ?
Musique soul à fond, je fouine sur internet, surtout sur Pinterest. Je fais du brain storming. Dés qu’une image, un graphisme ou un mot m’interpelle, je l’archive, l’annote et le classe dans un dossier selon l’inspiration et puis un jour je décide de trier et l’idée me vient !
QU’APPRÉCIEZ-VOUS LE PLUS DANS VOTRE ACTIVITÉ ?
Selon le photographe Albert Watson, « parfois, la route qui mène à l’image n’est pas claire. Ce n’est qu’en arrivant au bout du chemin que vous savez que vous avez réussi. C’est un vrai mystère ».
Comme Watson, ce que j’aime dans mon activité, c’est travailler dans le mystère et la surprise. Je commence un travail autour d’une fleur parce que celle-ci me séduit, mais je ne connais jamais vraiment à l’avance le résultat. Je travaille comme un artisan qui façonne. Je cherche, je teste, je jette, je recommence… j’angoisse même parfois ! Et puis soudain le résultat est là, une de mes images m’émeut et alors là je suis la plus heureuse !

QU’EST-CE QUI VOUS A SÉDUIT DANS L’IDÉE DE RÉALISER UN PAPIER PEINT EN COLLABORATION AVEC MUES DESIGN ?
L’idée m’est venue grâce à Maryline Bellieud-Vigouroux, Chargée des Relations Publiques et du Mécénat pour la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode qui en voyant la série Natural & Power a immédiatement pensé que ces images pouvaient avoir une autre vie, dans la décoration et notamment la tapisserie. Le papier peint habille les murs comme le vêtement habille l’homme ! J’ai commencé par faire des essais de mon côté, en démultipliant ou en associant des images… et puis un jour j’ai découvert MUES Design dans MilK, j’ai contacté l’agence qui a été très enthousiaste en découvrant mes images et nous avons transposé ensemble mon travail sur papier peint.
PARMI LES COLLECTIONS MUES DESIGN, QUELS MOTIFS ONT VOTRE PRÉFÉRENCE ?
CAROLINE et CHLOÉ, deux motifs très végétaux ! J’aime bien CAROLINE pour sa fraîcheur et son côté ludique, CHLOÉ pour l’assemblage et l’effet kaléidoscopique que j’utilise aussi dans mes photos.


QUELS SONT VOS PROJETS ? ENVISAGEZ-VOUS DE NOUVEAUX VOYAGES ?
J’ai en attente dans mon bureau de grands panneaux remplis de coquelicots que j’ai cueillis en juin. J’ai laissé faner leurs pétales et tordu leurs tiges. J’ai commencé une composition mais ces pétales sont extrêmement fragiles et délicats à déplacer, cela prend un temps fou ! Je cherche encore l’arrangement qui aura une force expressive, je fais des tests photo comme le peintre avec ses esquisses ; tant que la composition ne me satisfait pas, je recommence.
J’ai aussi accumulé des milliers de mégots, je suis attirée par tout ce que l’on jette et que l’on croit fini ! J’aimerais leur redonner une vie. Pour le moment je n’ai pas encore trouvé la mise en scène, mais cela viendra un jour !
Je voyage au moins trois fois par an. J’aime aller ailleurs, voir ce qu’il s’y passe ! Je projette de repartir dans les grands parcs américains, ce sont des paysages grandioses dans lesquels on se retrouve tout petit, la nature y est spectaculaire et c’est très apaisant. J’ai été éblouie par Antelope Canyon, quelle incroyable oeuvre de la nature ! Je retrouve dans ces décors le travail d’Ansel Adams, c’est très émouvant.
QUELLE EST LA DERNIÈRE EXPOSITION QUI VOUS AIT PLU ?
Liu Bolin à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. J’y suis retournée plusieurs fois tellement j’étais stupéfaite par le talent de cet artiste de pouvoir transcrire autant de force et de beauté à partir d’un drame, mais aussi par la créativité de son message « disparaître pour se faire remarquer », par son engagement et par le temps de travail nécessaire pour réaliser une image !

Pour en savoir plus sur le travail de Patricia Giudicelli Sister, rendez-vous sur son site ! Et si vous avez été hypnotisé par le papier peint SUCCULENTUS, vous trouverez l’antidote sur la e-boutique de MUES Design 😉